Une fois que TA

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La Nouvelle-Zélande n’est pas un pays écolo. C’est étonnant décevant voir navrant mais c’est ainsi. C’est certes un pays de Nature du fait de la faible densité de population, Nature qui à été mis en exergue comme un symbole du pays. Et pour cause le pays a bel et bien été doté de merveilles naturelle extraordinaires. Seulement voilà la Nouvelle-Zélande est un pays jeune au caractère capitaliste et consumériste où l’économie prévaut sur les autres priorités quel qu’en soit le prix à long terme et où le droit à la propriété privée est supérieure au bon sens. C’est dit.

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Je roule en direction de Wellington, la capitale, au sud de l’île du nord. J’emprunte un itinéraire peu fréquenté le long de la cote est. Quand foret native n’as pas été systématiquement remplacée par des prairies, elle à souvent été rasée pour faire place à de tristes plantations de pins. Les camions qui transportent les grumes sont par ailleurs des écrabouilleurs de cyclistes confirmés. Ce bord de mer est plutôt joli sans être non plus sidérant de beauté, je rencontre de grandes plages de sable dominées par des collines rondes de 300 à 500m d’altitude. L’une de ces collines, pas plus remarquable que les autres s’appelle Taumatawhakatangihangakoauauotamateaturipukakapikimaungahoronukupokaiwhenuakitanatahu. Oui il s’agit bien de l’un des plus longs toponymes au monde, les néo-zélandais on un goût un peu ridicule pour les records du genre. Aux quatre coins du pays on trouve des plaques célébrant la présence du plus, vieux, long ou grand pont, tracteur, arbre etc de Nouvelle-Zélande, de l’hémisphère sud ou du monde … Les seconds voire même les troisième de chaque catégorie peuvent également être certifiés par un splendide écriteau municipal.

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Je rejoins rapidement Wellington, non sans avoir salué amicalement une colonie d’otaries sur le chemin. Ces belles bêtes moustachues à l’allure patapoufoïde sont étonnamment agiles, même hors de l’eau sur les rochers où elles aiment se prélasser.

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Je ne reste pas Wellington, c’est que je suis attendu par Iris sur la ligne de départ du Te Araroa.

Iris est une jeune normande toute blonde que j’ai rencontré à Hastings, d’humeur sportive et rigolote; la belle se découvre une passion boulimique pour la randonnée pédestre. Le Te Araroa Trial, long itinéraire de randonnée de 3000 km qui traverse toute la Nouvelle-Zélande du nord au sud devrait a priori rassasier cette énergumène qui gigote d’impatience en agitant ces bâtons de marche dans les airs. L’un des grands atouts d’Iris en plus d’un sourire et d’un positivisme éclatant, c’est sa détermination inoxydable à accomplir ses projets. Quand on veut on peut, et je n’ai jamais douté que cette fille de 22 ans, nettement plus fine que son sac à dos, qui se lance mal préparée, mal informée, mal équipée et sans expériences atteindrait ses objectifs avec panache et style.

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Consciente de son inconscience, elle est ravie que je l’accompagne pour les deux premières semaines de son aventure.

Nous nous retrouvons à Havelock au nord de l’île du sud, capitale mondiale -dit la pancarte à l’entrée du village- de la moule verte où je peux laisser mon vélo en pension le temps de randonner.

Notre première section est la traversé du massif des Richmond, l’une des section les plus dures du Te Araroa. Les premiers jours nous évoluons sur de longs sentiers escarpés qui traversent d’épaisses forets humides à la chaleur étouffante. Nous dormons dans des « huts » en anglais, des refuges en français mais par souci d’authenticité je vais continuer  à parler de hut. Les huts sont de petites maisons plutôt bien construites, dotées selon les cas de 5 à 30 matelas, d’un point d’eau, de toilettes sèches et d’un poêle à bois. En contre-partie du payement d’un pass de 92 dollars nous pouvons dormir aussi souvent que nous voulons dans les huts, à condition que toutes les places ne soit pas déjà occupées par les « nombreux » autres randonneurs que nous croisons. Le camping à côté des huts est toujours possible heureusement.

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Le climat comme souvent en Nouvelle-Zélande peut être très pluvieux même durant l’été. Il y à des tas de ruisseaux, torrents et rivières à franchir, parfois avec de l’eau jusqu’à la taille. Ajoutez à cela de nombreuses zones marécageuses, les chaussettes de l’archi-duchesse sont rarement sèches archi-séches.

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Sur les sentiers du Te Araroa galope une population très hétéroclite. Nombreux sont ceux qui sont de vrais fadas de la rando, ils ont déjà parcouru la plupart des grands « trek » sur plusieurs continents, possèdent un équipement ultra-light, ultra-solide et ultra-cher et sont capable d’absorber les km de marche à une vitesse déraisonnable. Il y a des fous, qui parcourent en une journée ce que nous faisons en trois jours, ces derniers sont là pour le sport plus que pour la montagne. Iris et moi-même détonnons aussi plus par notre amateurisme apparent, moi en jeans, avec un sac toujours trop petit pour son contenu, Iris avec un incongru ukulélé dont je n’ai jamais entendu le son et son côté candide. Quelle que soit notre façon de marcher l’ambiance du Te Araroa est toujours bienveillante. Parfois face a la rudesse de la montagne les nerfs et le corps craquent sous le poids de trop d’efforts accumulés et chaque soir les occupants de la hut vous remonteront comme une pendule pour le lendemain. C’est que tous sont liés et unis par ce long sentier parsemé de balises orange qui nous guide. Sentier rapidement renommé le TA (à prononcé en anglais uniquement « the Ti hèè ») par sa communauté bipéde.

Notre communication avec Iris passe beaucoup par un duel perpétuel de taquineries et de moqueries amicales, caricaturant les mimiques de l’autre avec un réalisme surprenant. Notre duo comique est applaudi en silence par notre principal public en la personne de Corentin, un rêveur discret rencontré des le premier jour de marche, qui nous a aussi fait hurler de rire par la finesse de ses rares interventions.

La foret se transforme au fil du chemin et devient de plus en plus belle. Je suis fasciné par la mousse épaisse et vivace qui recouvre souvent tout ce qui est, les pierres, les arbres jusqu’à l’extrémité des branches, les troncs pourrissants des arbres du passé, le sentier lui même n’y échappant pas toujours. Lorsque nous gagnons en altitude les arbres se ratatinent et la mousse fait place à un lichen touffu qui ressemble à de la fausse barbe et qui habille de magie tout notre monde. Les Richmond nous offrent au détour d’un col ou d’un chemin de crête des vues inoubliables sur la mer, parfois à l’est de l’île, plus souvent à l’ouest vers la baie de Nelson. 

Nous arrivons enfin dans le village de Saint Arnaud après 10 jours intenses pour nous ravitailler en vivres et énergie. La section suivante, la région de « Nelson’s Lake » nous offrira pour huit jours d’été, des montagnes aux pentes bien plus accueillantes, des vues époustouflantes sur ces fameux lacs et de larges vallées couvertes d’une belle herbe dorée. Iris qui a franchi les Richmond dans la douleur et la souffrance donne désormais le rythme, et c’est à moi de m’accrocher pour tenir la cadence.

Notre sentier nous déposera à Hamner Spring, petite ville agreable du centre des Alpes néo-zélandaises où il est temps pour moi de revenir vers mon vélo et de laisser une Iris pleine de force continuer sereinement sa route initiatique.

Combo arc-en-ciel et coucher de soleil qui dit mieux?

 

A propos elievadrouille

Ami du velo et de la curiosité
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2 commentaires pour Une fois que TA

  1. Très sympa ! Et les photos sont super,mention spéciale à l’arc-en-ciel + coucher de soleil….

  2. Sylvain dit :

    ça fait plaisir mon ami, on dirait que le capital-isthme en a encore pris un coup. Tant mieux ^^ Des bisous de l’été Français…

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