tutututuuuuuuh!

Je suis donc rentré en France pour savoir si j’étais bien un tuberculeux ou pas. Oui, c’était bien le cas, comme quoi la procédure néo-zélandaise n’est pas si absurde. Pas de panique, de nos jours et surtout quand on n’a pas développé les symptômes ça se soigne très bien. Six mois d’un traitement antibiotique pour cheval et c’est fini. Comme je suis une bête je n’ai eu aucun effet secondaire du traitement à part le fait de faire pipi orange.

Reste la question de où ai-je été contaminé ? Je ne le saurais jamais avec certitude. Les médecins me disaient que j’étais un tuberculeux passif depuis deux ou trois ans, les trains chinois et indiens, les bateaux indonésiens où j’ai été durant de très longues heures voire des jours dans des espaces confinés, surpeuplés de gens souvent très pauvres et sans accès régulier à des services de santé sont des suspects idéaux. La tuberculose se transmet le plus souvent d’un malade qui à développé des symptômes (toux, fièvre, transpiration etc.) par les tout petits postillons qui flottent dans l’air.

Une fois guéri, j’ai refait une demande de visa pour la Nouvelle Zélande. 140 euros. Ça à été un moment très stressant. J’étais à la limite d’âge absolue pour ce type de visa, si je devais recevoir un nouveau refus, il m’aurait été impossible de repostuler. Je dois prouver que je suis bien guéri à l’immigration néo-zélandaise en suivant tant bien que mal la logique de leur administration. Pour commencer, je dois refaire une radio des poumons dans la clinique agrée par leur bon soins, 80 euros. Logiquement j’aurais dû recevoir, deux jours plus tard, un mail demandant les tests supplémentaires. Comme je ne reçois rien je retourne à la clinique m’assurer que la radio a bien été mise en ligne sur le logiciel dédié, on me dit que oui, tout roule, je ne dois pas m’inquiéter. Je reçois enfin un mail de la Nouvelle Zélande, qui dit « Vous n’avez pas fait la radio que nous avons demandée, si dans deux jours on n’a toujours rien votre visa sera refusé » je réponds : « Je pense que votre système montre mon dossier comme étant incomplet car d’autres tests devraient m’être demandés, s’il vous plaît dites moi quels sont ces tests exactement afin je puisse les réaliser. Je vous assure que la radio a déjà été faite. » On me répond a nouveau « Non non non, juste la radio, dépêchez vous il vous reste 24h »

Panique et agacement ! Je fonce à la clinique. « Mais monsieur, c’est en ligne enfin, regardez vous même sur l’écran » « En effet la radio est bien en ligne mais c’est quoi le truc orange là ? » « chaiii pas, on n’y pas accès ici, ils doivent demander d’autres infos » Nann sans déconner… je fonce au cabinet du médecin agréé par l’immigration néo-zélandaise, la secrétaire a accès aux détails de mon dossier contrairement à la clinique. Elle me dit qu’il me faut simplement fournir l’ensemble de mes radios réalisées durant et après le traitement ainsi qu’une lettre du pneumologue qui m’a suivi, en anglais. Je demande trois fois à la secrétaire si le test d’analyse des crachats n’est pas demandé car il faut 8 semaines pour que ce dernier donne des résultats fiables. Elle dit non trois fois.

J’appelle directement les services d’immigration en Nouvelle Zélande. Deux coups de fil qui incluent un total de trois heures d’attente avec la petite musique pénible. 30 euros de facture téléphone en plus, et encore là- dessus je m’en sors bien. En fait je commence à comprendre que deux entités des services d’immigration néo-zélandaise communiquent mal entre eux, le service médical qui statue sur mon état de santé acceptable ou non et l’agent d’immigration avec qui je communique par mail qui prend la décision finale sur mon visa. Miracle, avec mes coups de fil je corrige le bug administratif entre deux services d’un même ministère situés à 20 000km de là où je me trouve. L’agent me donne deux semaines de délai pour envoyer toutes les infos sans faire mentionner qu’elle s’apprêtait injustement à me refuser mon visa.

J’avais déjà numérisé mes radios et demandé à mon pneumologue la fameuse lettre bien en amont. Lettre qu’il ne m’avait jusque là pas envoyée. Je lui balance trois mail où je mets toute la pression possible, la lettre arrive en 24 h. Je paye 75 euros pour la faire traduire en anglais, si j’avais pu le faire moi même c’eût été trop simple. Je prends rendez vous avec la médecin agréée, 75 euros les cinq minutes de consultation, où c’est moi qui explique que je suis guéri !

Je pense être arrivé au bout de l’histoire, j’envoie par mail les radios à la secrétaire qui se chargera de les mettre en ligne sur le logiciel de l’immigration néo-zélandaise. Le lendemain je reçois un mail de sa part qui commence par « I’m very sorry but … » Oui, parce qu’elle me parle en français et m’écrit toujours en anglais. « but, les radios doivent absolument être au format « dicom »  »

C’est quoi ça dicom ? Wikipédia explique que c’est un format informatique utilisé par les logiciels de radiologie. Cool ! J’en ai deux déjà en dicom sur un CD. J’appelle les différents centres radiologique où j’ai fait mes radios. Un seul pourra me fournir ma radio en format dicom. Je suis à trois dicom sur les six radios à fournir. Aucun centre radiologique, pas même la clinique agréée et l’une des seules en France à travailler avec ce système de données médicales en ligne pour services d’immigration, n’accepte de convertir mes radios en dicom. Je dois m’y coller moi même, je télécharge pas moins de cinq logiciels de radiologie sur mon ordinateur et parviens tard dans la nuit à envoyer à la secrétaire des beaux fichiers dicom tout frais.

Un mail : « I’m very sorry but … » « but whaaat ! Je commence à saturer là ! » « but, les fichiers doivent faire moins de 10 mo, et là ils font tous plus de 20 mo » Ben ouais meuf, Wikipédia dit que c’est un format haute définition, donc par nature c’est des gros fichiers et dans leur conception on n’est pas censé pouvoir les réduire. Comme ça les toubibs ils peuvent bien voir toutes nos petites taches tuberculeuses sur nos poumons …

J’avais toujours mes logiciels d’apprenti radiologue, je tâtonne parce que je ne suis pas informaticien et mes dicom rétrécissent enfin. J’ai pris une marge de sécurité, ils font tous moins de 8mo.

Un mail « I’m very very sorry but… » Je perds mon sang froid, je veux pulvériser mon ordinateur sur le mur de l’appartement tellement fort qu’il devrait aussi traverser le mur du voisin de l’autre coté de la rue. Je veux annihiler la planète. « but, what encore bordel de merde ? «but, en fait c’est 5mo max » Avec tout ces contre-temps le délai de deux semaines expire le lendemain. J’envoie à l’agent d’immigration un mail avec une copie de mes échanges avec la secrétaire afin de justifier mon retard. Finalement c’est pas bête de s’écrire en anglais.

Je convertis mes radios en dicom de toutes tailles, en fichier jpeg, en gif en pdf même en doc et je me pointe avec l’ensemble directement au cabinet médical avec ma clef USB que je donne à la secrétaire. « allez y, essayez les tous , il y a bien une version qui va passer ! » « ah oui, c’est bon c’est en ligne ! Ah zut j’avais pas vu il y a un sous-onglet, ils demandent aussi le test d’analyse des crachats » « on parle bien de celui qui prend huit semaines à propos duquel vous m’aviez dit trois fois qu’ils ne le demandaient pas ? » « oui, je suis désolée »

Soupires, lassitude et vide.

La médecin passe dans le hall. « Docteur, qu’est qu’on peut faire ? » Qu’elle demande. « Remettez la lettre du pneumologue à la place des résultats, le dossier aura l’air d’être complet. » « mais…. ouais j’en ai assez de toutes façons… »

Épilogue : Depuis des semaines les mails provenant de la Nouvelle Zélande ne me donnaient que de nouveaux emmerdements bureaucratiques. Et force est de constater que l’informatique n’a rien simplifié du tout. Du coup quand j’ai reçu celui qui m’annonçait que mon visa avait été validé, j’ai grommelé avant de l’ouvrir, un truc comme « qu’est-ce qui veulent encore ces cons ». Puis j’ai arrêté de faire la gueule.

Je repars tout frais, avec un nouveau vélo talentueusement conçu et monté par mon pote Pascal, grand maître manager du magasin cyclable à Poitiers. Je repars aussi avec une remorque remise sur roulette grâce à la gentillesse de Christian son concepteur et fabriquant. Christian est un passionné et un perfectionniste qui mérite bien une petite pub : tzc.fr pour commander des remorques en forme de chauffe-eau ! Merci à tous les deux, vous m’accompagnez au quotidien !

Je suis allé tester le matos dans les Pyrénées

A propos elievadrouille

Ami du velo et de la curiosité
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3 commentaires pour tutututuuuuuuh!

  1. Ah la vache, le parcours administratif est autrement plus raide que n’importe quelle traversée montagneuse (et sacrement moins agréable).
    Mais tu les as eus, bravo ! Et on te confirme que la Nouvelle Zélande c’est fabuleux, le plus beau pays qu’on ait parcouru jusqu’à ce jour, on y a passés cinq mois inoubliables.
    Enjoy !

  2. Quelle histoire ! Bon courage !

  3. Marie dit :

    tout est bien qui finit bien… j’ai hâte de lire la suite de tes aventures!

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